samedi 4 mars 2017

CHANSON DOUCE Leila Slimani

« Tu vas travailler, je veux bien mais comment on fait pour les enfants ?  »

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture.
Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.



Un roman très prenant. Le récit s'ouvre sur le meurtre des enfants, ce qui évacue d'emblée l'issue de l'histoire, mais le suspense tient dans le " comment en est-on arrivé là ?" ... et l’enchaînement des situations et l'évolution des personnages sont tellement cohérents, que bien sûr, le drame semble inéluctable. La construction est impeccable, et instille un vrai suspense. 
C'est aussi une fine analyse de l'époque, des modes de vie, du rapport employeur/employé de maison ainsi que du rapport de la mère à la vie active.
Le style est simple, incisif.

Note :8/10

CELLE QUE VOUS CROYEZ Camille LAurens

Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n'est pas la vôtre, hélas. C'est pourtant de ce double fictif que Christophe - pseudo KissChris - va tomber amoureux.
En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d'une femme qui ne veut pas renoncer au désir.



Pour  surveiller son amant Jo qui la délaisse, Claire Millecam (Camille en verlan ! ), 48 ans, se crée un faux profil facebook, sous les traits d'une jeune femme séduisante. Elle noue une relation virtuelle avec Chris , l'ami de son amant. Claire  est hospitalisée en hôpital psychiatrique, et le récit est constitué des entretiens de Claire avec Marc, son psychiatre.
Dans la seconde partie, c'est l'audition et le point de vue de Marc son psychiatre, au travers d'un récit que Claire a produit dans un atelier d'écriture lors de son hospitalisation.
Dans une troisième partie, c'est Camille l'écrivain, qui expose à son éditeur , une autre version des faits.
Au total , les mêmes éléments et protagonistes dans les trois parties, mais trois histoires différentes, où il est impossible de démêler le réel du virtuel.



les hommes mûrissent les femmes vieillissent

Nous les femmes, nous sommes toutes des boîtes de conserve. du jour au lendemain, impropres à la consommation


Avis très mitigé concernant ce roman, qui flirte avec l'autofiction.
Des rebondissements dans la narration, avec des changements de point de vue et de mode narratif mais l'ensemble laisse un sentiment de facilité et de complaisance.
Des thèmes intéressants : le désir, la femme d'âge mûr et les nouveaux modes de relation au temps des réseaux sociaux... mais l'ensemble reste trop caricatural  à mon goût . Le récit reste souvent au niveau d'un magazine féminin.
Les "jeux de miroir" m'ont laissé perplexe. L'hystérisation du féminin et la  victimisation de la femme m'ont vraiment déplu.

Note : 4/10

samedi 18 février 2017

INTERIEUR NUIT Marisha Pessl


 PROLOGUE
New-York, 2h32 du matin
Que cela nous plaise ou non, nous avons tous une histoire avec Cordova.
C’est peut-être une voisine de palier qui a trouvé un de ses films dans un vieux carton au fond de sa cave et, depuis, n’est jamais entrée seule dans une pièce obscure. Ou un petit ami qui s’est vanté d’avoir récupéré sur internet une copie pirate de la nuit tous les oiseaux sont noirs et après l’avoir regardée, a refusé d’en parler, comme s’il avait miraculeusement survécu à une épreuve atroce.
Quoique vous pensiez de Cordova, que vous soyez obsédé par son œuvre ou que vous y soyez indifférent, il provoque toujours une réaction. Il est une fissure, un trou noir, un danger indéterminé, une irruption permanente de l’inconnu dans notre monde surexposé. Il est caché, il rode, invisible, dans les recoins les plus sombres. Il gît au fond de la rivière, sous le viaduc du chemin de fer, avec tous les indices manquants et les réponses qui ne verront jamais la lumière du jour.
C’est un mythe, un monstre, un mortel.




Les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est facile de changer de vie.
Il suffit de monter dans un car. 



Par une froide nuit d’octobre, la jeune Ashley Cordova est retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown. Même si l’enquête conclut à un suicide, le journaliste d’investigation Scott McGrath ne voit pas les choses du même œil.
Alors qu’il enquête sur les étranges circonstances qui entourent le décès, McGrath se retrouve confronté à l’héritage du père de la jeune femme : le légendaire réalisateur de films d’horreur Stanislas Cordova – qui n’est pas apparu en public depuis trente ans. Même si l’on a beaucoup commenté l'œuvre angoissante et hypnotique de Cordova, on en sait très peu sur l’homme lui-même. La dernière fois qu’il avait failli démasquer le réalisateur, McGrath y avait laissé son mariage et sa carrière. Cette fois, en cherchant à découvrir la vérité sur la vie et la mort d’Ashley, il risque de perdre bien plus encore…

Jouant avec les codes du thriller, incluant dans son récit des documents, photographies, coupures de journaux ou pages web, Pessl nous entraîne dans une enquête vertigineuse autour de Stanislas Cordova et de sa fille, deux êtres insaisissables attirés par l’horreur et le mal.
L’inventivité de l’auteure et son goût indéniable pour les pouvoirs de la fiction font penser tour à tour à Paul Auster, Georges Perec, ou Jorge Luis Borges. Avec son style maîtrisé et ses dialogues incisifs, ce roman, sous l’apparence classique d’un récit à suspense, explore la part d’ombre et d’étrangeté tapie au cœur de l’humain.



Note : 8/10

LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D'AMOUR Luis Sepulveda







Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. 
Il savait lire. 

Lorsque les habitants d'El Idilio, petite ville d'Amazonie, découvrent dans une pirogue le cadavre d'un homme blond assassiné, ils n'hésitent pas à accuser les Indiens (les Shuars) de meurtre. Le maire, surnommé la "limace", est l'un des plus virulents accusateurs. Seul Antonio José Bolivar, un vieil homme, déchiffre dans l'étrange blessure la marque d'un félin.

L'auteur évoque ensuite la vie d’Antonio José Bolivar Proano. À 13 ans, il se marie avec Dolores Encarnacion del Santisimo Sacramento Estupinan Otavalo. Ils partent en Amazonie. Dolores y meurt de la malaria.

Antonio devient ensuite l'ami des Shuars. Ils vivent paisiblement jusqu'à ce que des blancs investissent la forêt. Ils tuent deux Shuars pour voler l’or qui se trouve dans la forêt. Antonio défend les Shuars. Après cet incident, Antonio part pour El Dorado. Il va y acheter des romans d’amour .

Un matin de pluie, on entend des cris. Un deuxième homme est victime de la folie du tigre.
Quelque temps après , le maire d’El Idilio organise une expédition dans le but de tuer cet animal. Le maire, mort de peur, demande à Antonio de finir de traquer le tigre tout seul et de le tuer. Antonio accepte. Il traque la bête pendant plusieurs heures et arrive dans une clairière où il voit le mâle à l’agonie. Antonio comprend qu’il doit l’achever.

Une fois le mâle mort , il se réfugie sous une vieille pirogue. Au bout de quelques heures, il en sort, s’accroupit dans le sable et, à ce moment là, il voit la femelle qui court vers lui. Alors, il tire deux coups de chevrotine et tue la bête. Il pleure, et met l’animal dans le fleuve Amazone. Il jette son fusil, et se dirige vers sa cabane. Ayant honte de son acte de cruauté, et pris par la mélancolie, il repart lire ses romans d'amour pour oublier la "barbarie des hommes".


 Pour ce premier roman, Luis Sepúlveda a obtenu le prix Tigre Juan, le prix Relais H du roman d'évasion 92 et le prix France Culture étranger 92.


Note 7/10


WILD Cheryl Strayed



Lu sur Kindle



Résumé :
Lorsque sur un coup de tête, Cheryl Strayed boucle son sac à dos, elle n'a aucune idée de ce qui l'attend. Tout ce qu'elle sait, c'est que sa vie est un désastre. Entre une mère trop aimée, brutalement disparue, un divorce douloureux et un lourd passé de junkie, Cheryl vacille. Pour tenir debout et affronter les fantômes de son passé, elle choisit de s'en remettre à la nature et de marcher. Elle part seule pour une randonnée de mille sept cents kilomètres sur le Chemin des crêtes du Pacifique, un parcours abrupt et sauvage de l'Ouest américain. Au fil de cette longue route, elle va surmonter douleurs et fatigue pour renouer avec elle-même et finalement trouver sa voie.
Franche, dynamique et un brin déjantée, Cheryl Strayed nous entraîne grâce à ce récit humain et bouleversant sur les chemins d'une renaissance.

jeudi 16 février 2017

NOS BEAUX DOUDOUS Stéphane Servant, illustré par Ilya Green

  Il me suivait partout.
J'étais né avec lui.
Je ne pouvais pas vivre sans lui.
Il n'avait pas de nom. C'était juste Doudou 


Jolie histoire très poétique. un petit garcon refuse de grandir et s'enfuit avec son doudou
Eloi a beaucoup aimé

mardi 14 février 2017

LES POETES MORTS N'ECRIVENT PAS DE ROMAN POLICIER Bjorn Larsson







Par une brumeuse nuit de février, l'éditeur Karl Petersén arrive, non sans quelques inquiétudes, dans le port d'Helsinborg, avec une bouteille de champagne et le contrat du poète Jan Y. Nilsson, qui vit à bord d'un bateau de pêche. L'éditeur l'a persuadé d'écrire un roman policier, futur best-seller, déjà vendu aux plus prestigieuses maisons d'édition d'Europe. Mais le poète acceptera-t-il de le signer? Se résignera-t-il à sacrifier sa réputation et à se plier aux lois du marché?
Lorsque Petersén découvre Jan Y. pendu, la réponse semble évidente. Le commissaire Barck, chargé de l'enquête, n'a aucun doute: les poètes ne se font pas assassiner, ils se suicident. Pourtant, les mobiles ne manquent pas...
A l'âge d'or du roman policier nordique, Björn Larsson signe ce qu'il appelle un "genre de roman policier", jeu littéraire raffiné et ironique sur l'essence même de l'écriture poétique et romanesque. Dans une pétillante satire du monde éditorial continuellement à la recherche du prochain succès, seul un policier-poète a l'expérience et la sensibilité pour saisir les vérités cachées derrière les apparences...




Björn Larsson est né en Suède en 1953. Navigateur chevronné, il a parcouru les mers du Nord de l'Ecosse à l'Irlande, du pays de Galles à la Bretagne et à la Galice. 4Maître de conférences en français à l'Université de Lund, traducteur, philologue et critique, il est également l'auteur de plusieurs romans. Long John Silver, paru en 1995, en a fait l'un des écrivains suédois contemporains les plus connus à l'étranger. En 1999, il est récompensé par le prix Médicis étranger pour Le capitaine et les rêves.
Source : Electre